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Aujourd'hui, je vais vous parler de ce qui fait rêver les uns et terrorise les autres : les séances de dédicace.
Constatant régulièrement de l'appel à l'aide de certains pour leur première séance, je me suis dit qu'il serait judicieux de faire partager mon humble expérience.
Attention, tout ce que je vous dirai ne sera pas à prendre pour argent comptant. Ce ne sera que mon point de vue, basé sur mes expériences personnelles.
Qui plus est, je parlerai de manière générale, mélangeant les dédicaces en librairies et en salons (organisation parfois différente).
Pardonnez-moi également si parfois je parle plus au masculin.
D'abord, c'est quoi une séance de dédicace ?
« Alors, MOI, je suis une SUPER STAR. J'ai écrit un livre sur la métamorphose d'un cloporte des basfonds parisiens qui se plait à rêver qu'il est un beau jeune homme du 8ème perdu au milieu de ses nombreuses conquêtes végans. J'arrive donc à la librairie en Limousine. Une queue de milliers de personnes m'attend déjà depuis des heures. Des pancartes géantes de moi et rien que de moi se dressent de partout, que je suis beau. Je suis accueilli avec champagne et foie gras par l'équipe du magasin qui ont des paillettes pleins les yeux. Lorsque les portes s'ouvrent, les fans en furie se jettent sur moi et me vénèrent toute la journée durant. Le soir, je rentre avec quatre d'entre elles sous le bras, dont une libraire. »
Bon, si en tant qu'auteur inconnu vous pensez que cela se passera ainsi, retournez voir vos parents pour la leçon d'humilité, et ne prenez même pas la peine de lire la suite, quoique.
Non, c'est absolument tout l'inverse.
Vous êtes un(e) jeune auteur(e). Oui, c'est l'avantage de débuter dans ce métier, les gens nous traitent tous de « jeune auteur », c'est fort plaisant passé un certain âge.
Il faut plutôt voir une séance de dédicace comme de la vente, il faut être actif.
Préparez-vous à faire de la route tôt le matin (j'y reviendrai pour le « où »), à prévoir votre casse-dalle et surtout, prévoyez beaucoup, mais alors beaucoup de patience. Vous allez devoir user de tous vos talents pour attirer les gens.
Si je devais résumer les dédicaces en 4 mots (momo momo ?), ce serait : Patience, Mental, Opiniâtreté et Plaisir : Le PMOP (mince, il est encore là ce MOP ?).
Pourquoi faire des séances de dédicace ?
Pour trois raisons : vous faire connaître, vous faire plaisir et puis vendre aussi.
Les séances de dédicaces sont LE moyen de vous faire connaître, c'est avant tout de la promotion. Selon le lectorat que vous avez, « l'Internet » pourra vous être précieux, mais les dédicaces sont universelles à tous les types de livres. La plupart de mes réels et bons contacts se sont faits en librairies et salons.
C'est un moment d'échanges, de partage et...de plaisir.
Le Plaisir, c'est là le plus important. Vous êtes là pour vous faire plaisir, en parlant de votre création, du fruit de votre labeur. Toutes les créations n'ont pas le droit au même traitement (personnellement, quand je fais mes travaux, je vais pas aller poser un stand d'expo à Gédimat en criant « Eh regardez, j'ai monté ce mur nickel »).
Transmettez votre passion, votre énergie, votre enthousiasme, que du bonheur (« Ma... qué...fait l'amooour à ta passion »). Bonne humeur et jovialité attireront bien plus les gens que morosité.
C'est aussi un moment pour vendre et rapporter un (tout petit) peu de soussous.
Attention cependant à cet aspect. Ce n'est là que mon avis d'écrivain d'insignifiante envergure, mais n'oubliez jamais que vous êtes là pour vendre de la lecture et non pas un produit. Surtout au début, n'allez pas en dédicace pour espérer devenir riche. J'y reviendrai dans la partie « rentabilité ».
Où faire des dédicaces ?
Un peu n'importe où, tant que cela sied à votre livre. En général, cela se fait en librairie, salon et événements particuliers (fêtes fantastiques pour ma part). Mais je l'ai aussi fait dans un restaurant et dans un pop-up store ! (ok, pour le restau, un peu pistonné sur le coup, j'avoue).
Côté librairie, quasiment toutes sont ouvertes à la chose. Évidemment, vous aurez plus de difficultés à être accepté en dédicace dans les grandes Fnac du centre-ville de Paris ou de Lyon qui n'accueillent que les « pointures » aux centaines de milliers d'ouvrages vendus.
Mises à part elles, vous pouvez y aller tous azimuts. Les Espace Culturels Leclerc et Cultura sont de très bons interlocuteurs et sont preneurs, mais n'hésitez pas à taper large : librairie indépendantes, médiathèques, etc. Essayez aussi de cibler, surtout si vous écrivez un genre particulier. Si vous faites du terroir, rien ne sert d'aller bien loin, restez local. Si vous faites dans l'érotique, évitez les salons de livres pour enfants (« Maman, pourquoi sur la couverture la madame et le monsieur y sont tous nus comme toi et papa hier soir ? »).
Quant à la ville en soi. Une dédicace est avant tout promotionnelle, mais, contrairement à un salon, vous devez tout de même penser un minimum à la rentabilité. En librairie, vous pouvez faire un bon bénéfice, donc évitez de trop dépenser en trajet.
Très important ! Attention au ratio distance/fatigue ! Une dédicace est éprouvante psychologiquement, surtout si elle n'a pas été fructueuse. Pensez donc aux dangers du trajet de retour, épuisé nerveusement et parfois physiquement. Si vous sentez que vous ne ferez rien de plus ce jour-là, préférez partir un peu plus tôt pour garder des forces pour le trajet.
Quand ?
Sur ce point, je parlerai des librairies. Le sujet va être assez vite traité : les samedis (et dimanches si c'est ouvert), c'est à ce moment où il y a le plus de monde. La semaine est à éviter. Vous pouvez y aller le mercredi si vous faites de la littérature pour enfant. Pendant les vacances scolaires la semaine peut tout de même être correcte. Si tous les jours étaient comme des samedis, je passerais mon temps en librairie...mais il en est ainsi.
Comment ?
Pour organiser une dédicace, c'est simple. Il vous suffit d'un bigophone, de savoir l'utiliser, et d'un tout petit peu de temps. Appeler les librairies, présentez vos ouvrages et vous-même. Les libraires ne sont pas tombés de la dernière pluie, ils savent que vous voulez faire une dédicace et sont parfois même plus intéressés par cela que par le dépôt d'ouvrages. Ce sont souvent eux qui embrayent sur le sujet. Calez une date et les horaires. Je commence toujours à 10h, mais franchement, c'est pour la forme et pour le sérieux, car il est rare que le matin soit bien riche en affluence. Tout dépend de la période.
L'organisation
Avant toute chose, pensez que vous n'allez pas pouvoir toujours décharger devant ledit lieu, prévoyez donc de quoi faire le minimum de voyages entre le véhicule et la librairie (dixit le mec aux 4 cartons de maquettes). Une valise est évidement le mieux. Pour ma part, j'ai un monstre en tissus dans lequel je pourrais transporter un cadavre (découpé).
Les premières fois, ayez une liste. Ensuite, sauf cas particulier, laissez tout dans la valise, inutile de tout ranger (sauf si vous prévoyez des denrées périssables ?).
La base et strict minimum : vos livres, des chevalets, des marques pages personnalisés, un stylo, un carnet pour noter. C'est l'absolu basique, mais ne vous leurrez pas, ce ne sera pas suffisant (cf paragraphe suivant sur le stand).
Combien de livres prend-on ? J'espère pour vous que vous en vendrez des centaines, mais ne vous leurrez pas. Plus sérieusement, cela dépend de votre roman, de l'endroit où vous allez le vendre, et de son poids... Personnellement, j'ai toujours un demi coffre rempli de bouquins, pour ne jamais manquer et en avoir au cas où je passe devant une librairie, où qu'on m'en achète en direct.
Ravitaillement :
Un salon, une dédicace, ça n'en a pas l'air, mais c'est épuisant, surtout si on est actif. Prévoyez alors du ravitaillement, surtout de l'eau. Vous allez rester debout, immobile ou à piétiner, votre dos va vous le faire sentir. Alors hydratez-vous. Chose cocasse, mais les dédicaces sont pour moi mon grand moment d'hydratation et de purge (parfois 3 litres d'eau dans la journée). Et puis, y faut du manger, du manger et encore du manger. J'adore les festivals fantastiques/médiévaux pour ça...saucisses, jambons et cochons, miam. Pardon, je m'égare. Vous l'aurez compris, faites comme si vous alliez faire du sport.
Un stand qui dépote du dragon au p'tit dej'
C'est simple : on doit vous VOIR. En librairie, une table avec des bouquins au milieu des étals ne se remarquera pas. Pour les salons, c'est un peu plus compliqué, car même si votre stand est superbe et original, il peut subir l'effet de masse au sens où il y a tellement de stands que plus personne ne les voit (j'en ai subi les frais à Paris, mais c'est la vie).
Le stand, c'est VOTRE stand, pas celui d'un autre. Outre le fait d'attirer les lecteurs, il doit vous refléter, vous et vos livres. Moi qui fais dans l'imaginaire, mon stand est une première invitation dans mon monde. Il fait comprendre au lecteur d'un simple coup d'oeil quel est mon genre d'écriture.
Sur le « quoi », faites à votre guise. Copiez, inspirez-vous, innovez ! Usez de tous vos talents, que d'autres n'ont pas. Vous êtes écrivain, donc créateur. Alors créez !
Si d'aventure vous aviez besoin de plus amples conseils où même d'un coup de main pour créer votre stand, je reste à votre disposition.
Les roll-up (bannières verticales):
Certains ne jugent que par les Roll-up. Si vous voulez en faire, les premiers prix débutent à 40 euros.
Mais attention. Tout le monde en a, ça peut vite être surfait, surtout s'il y en a d'autres autour. Cela sert néanmoins à être vu de loin, mais là aussi, quand il y en a beaucoup d'autres... Pour ma part, je viens tout juste d'en commander un. Je vais surtout m'en servir pour annoncer mon tome 2 en utilisant la dimension verticale. Mes maquettes ont toujours bien fait leur travail d'attrait. Ceci ne reste que mon avis personnel. À noter qu'un roll-up ne peut que rarement être utilisé en librairie.
Le marque-page : absolue nécessité. C'est votre carte de visite, ni plus ni moins. Personnellement, je les offre. Si vous souhaitez les vendre hors vente de livre, à votre guise, mais je vous le déconseille. C'est un coût dérisoire (30 euros les 1000), et cela ne vaut pas le coup de passer pour un marchand de tapis à vouloir vendre tout ce qu'on a. Mais, ce n'est là que mon opinion.
Prenez un deuxième stylo, au cas où le premier lâche. Un carnet, pour à minima noter les prénoms un peu compliqués (évitant ainsi les fautes d'orthographe). Vous pouvez l'utiliser pour y noter les adresses mail de vos lecteurs, vos stats de vente, vos idées de romans qui jailliraient, etc.
Ayez votre propre nappe, de préférence la plus grande possible (perso 3m sur 2m). Comme ça, vous n'aurez aucune mauvaise surprise.
Prévoyez aussi une décoration « modulable », car vous n'aurez jamais une table de la même taille d'une dédicace à l'autre. Mes maquettes sont au nombre de trois, que je pose selon les cas, et j'ai deux formats de carte de monde (une A3 et l'autre A4). Scotch et ciseaux sont aussi utiles.
Et enfin, un « must-have » pour les salons : le lecteur de carte bleue (sum-up est pas mal). Les français sont parmi les plus gros utilisateurs de CB au monde. À mon premier salon, je ne savais pas et j'avais prévu 50 euros de monnaie...échec critico-épique. Ayez quelques euros de monnaie oui, mais surtout la CB. Rares sont ceux qui me payent en espèces. Soit CB, soit chèque. Car oui, sur ce sujet, j'ai remarqué que pour acheter un livre dédicacé, beaucoup aimaient faire un chèque. Je leur signe un livre, ils me signent quelque chose en retour.
En librairie
Le libraire est votre ami. S'il accepté de vous accueillir en dédicace, ce n'est pas pour vous mettre des bâtons dans les roues, bien au contraire. Même si vous semblez stressé, détendez-vous. En général, les libraires sont super sympas et accueillants. Certes, il peut y avoir plus d'affinités avec certains, cela reste des relations humaines, mais sincèrement, je ne suis jamais tombé sur un malotru. J'ai toujours à minima apprécié mes échanges avec eux, et avec certains, c'était au top !
Il peut arriver que ledit jour, vous tombiez sur un mal luné, ça peut arriver et ça m'arrivera certainement, mais détendez-vous sur ce point. C'est toujours super cool.
N'oubliez pas que c'est le libraire qui va vendre vos ouvrages. Si vous faites le super « c.. » il ne les conseillera jamais.
Plus on est détendu, mieux c'est.
Prenez le temps de vous installer, en vérité rien ne presse (sauf cas où vous arrivez à la bourre à un salon, et encore, tant que vous êtes là, ça suffit). Restez humble, prenez ce qu'on vous offre. Si la table est trop petite ou si l'emplacement n'est pas merveilleux, demandez poliment un changement. Parfois c'est possible, parfois non, c'est ainsi. Adaptez-vous. Toujours dans la bonne humeur et le sourire (même si on a des cernes de 10cm de profondeur).
Niveau placement, la préférence est évidement devant l'entrée du magasin, mais tout dépend de sa configuration et de l'emplacement des rayons livres. Personnellement, quand notre rayon est proche de l'entrée, c'est au poil.
Pendant la dédicace :
N'ayez point peur, mes amis. Tout va bien se passer, et tout s'est bien passé non ? Nous savons tous que la première fois, c'est souvent douloureux, mais rapidement on adore ça (oui oui, je parle bien des dédicaces). Votre stand est installé, vous avez passé votre temps la tête baissée dans vos préparatifs... Maintenant relevez-la, prenez une grande inspiration et allez-y.
Pour la suite, je prendrai l'exemple d'une dédicace en librairie, mais en salon ce sera sensiblement la même chose.
Première chose. Si vous n'êtes pas à côté, repérez le rayon de votre style. Ayez-le à l'oeil, constamment, vous comprendrez pourquoi plus tard.
Les étapes pour réaliser une dédicace. La 2 peut ne pas arriver à tous les coups. 1-attirer 2-envouter et échanger 3-garder contact
1-Attirer :
C'est pour ma part ce que je trouve le plus compliqué et le plus aléatoire. C'est également très critique, vu que sans cela, aucune suite ne peut être.
Il faut que vous partiez du principe que beaucoup de gens ne vont pas vous voir parce qu'ils sont en mode autoroute en allant uniquement au rayon voulu, ou alors, ils vont avoir peur de vous et ne pas oser venir. Il y aura aussi le cas où certains penseront que vous êtes du magasin et vont vous demander des renseignements, c'est toujours rigolo. Je n'ai jamais osé jouer le jeu, mais un jour il faudrait que j'essaie.
Pour ma part, je reste debout quasiment tout le temps, comme ça on me voit (d'autant plus qu'avec mes décos, si je reste assis, je suis caché).
Soyez actifs et souriant. C'est à vous d'aller vers les gens. Éviter de rester dans votre coin, en mode tronche bobine, assis derrière votre stand la tête dans votre téléphone. Jamais personne ne viendra vous voir. Vous resterez inconnu et oublié pour l'éternité. « Non ... mais ça arrive jamais ça » me direz-vous. Oh si vous saviez le nombre d'auteurs qu'on voit faire ça...
Niveau accroche, voici les 3 cas principaux :
1er cas : Les gens passent devant votre stand.
Inéluctable, obligatoire, dites « BONJOUR ». Ça ne coûte rien, c'est poli, et les gens vous regardent et vous répondent (pas assez souvent à mon goût). S'ils sont naturellement intéressés, ils s'arrêtent, et on passe à l'étape suivante. On peut également lancer une petite phrase du genre « N'hésitez pas à venir jeter un coup d'oeil » etc. J'évite pour ma part de tendre des flyers en mode vente forcée, je n'aime pas qu'on me le fasse. Je me place rarement devant mon stand, là aussi, ça fait trop vendeur de marché.
Avec un peu d'expérience, d'un simple regard, on sent rapidement les gens qui peuvent accrocher ou non, il faut donc ne jamais insister.
2ème cas : les férus de votre genre. Voilà pourquoi je vous disais de repérer le rayon de votre genre. Si vous voyez quelqu'un trainer un peu dans ce rayon, invitez-le poliment à venir vous voir, prétextant que s'il est intéressé par cette littérature, il pourra peut-être trouver son bonheur à votre table.
Attention, prudence sur ce cas. Ne faites pas les bourrins à sauter sur tout ce qui arrive dans votre rayon. Attendez, observez comment la personne regarde et cherche. N'allez pas la voir uniquement parce qu'elle a jeté un bref coup d'oeil. Dans mon cas, la fantaisie étant un genre un peu étrange pour beaucoup, je le remarque rapidement, surtout quand la personne commence à feuilleter du Tolkien ou du Martin. Pardonnez-moi ce terme, vous tous chers lecteurs, mais c'est ce que j'appelle du « pain béni ». Là aussi, n'insistez jamais. Parlez brièvement, s'ils sont intéressés, ne vous inquiétez pas, ils viendront.
3ème cas : les timides. C'est un cas assez cocasse je trouve. Ce sont ceux qui veulent venir vous voir, mais qui n'osent pas. On les remarque facilement. Ils tournent autour des rayons alentours, parfois vous jettent de brefs regards, vite retenus. Dans ce cas, faites simple, souriez-leur et faites leur signe de venir. Cela donne souvent des échanges fort sympathiques.
2-envouter et échanger
C'est là où la magie doit opérer. Parlez avec la personne. Elle peut entamer la chose en vous posant des questions, et peut-être que jamais vous n'aurez à dérouler votre pitch. Soyez vous-même. Diantre, c'est à ce moment que vous parlez de votre passion. Pour de la fantaisie, il n'est pas difficile de faire rêver. Pour les autres styles, vous savez mieux que moi sur quels points appuyer.
Le Pitch/argumentaire : ah, le pitch. Vous savez quoi ? Et bien, la personne pour laquelle il est le plus difficile de parler de son ouvrage est...l'auteur lui-même ! Je n'ai jamais réussi à pondre un pitch tout seul, surtout pour mon premier pavé. On ne sait pas par quel bout commencer. Réellement, vous utiliserez les mots et idées des critiques et des nombreux retours que vous avez eus : les perceptions, les points forts remontés (parfois aux antipodes de ce à quoi on s'attendait), etc. Chaque semaine, j'étoffe davantage mon pitch. Au départ, c'était « euh, alors...que dire...c'est un roman de fantaisie...y'a pleins d'histoires, des batailles, des monstres... »
Maintenant, on ne m'arrête plus d'en parler, et je le fais sans spoiler.
Transmettez votre passion, votre enthousiasme, votre énergie. Parfois, on ne parle pas du bouquin, mais de tout et de rien, de nos vies, autres passions... Sincèrement, bien souvent les gens prennent votre livre parce qu'ils vous ont rencontré. Le livre plait parce que l'auteur a plu (en plus BG comme je suis...oups, ma cheville).
Passez du temps aves les lecteurs, c'est là le réel plaisir des dédicaces. D'autant plus qu'une table autour de laquelle on parle attire. Le monde attire le monde. J'ai connu certains moments où les gens attendaient leur tour pour me parler. Seulement une ou deux personnes certes, mais c'était vraiment émouvant.
Et puis, si le livre ne tente pas, ce n'est pas grave. Vous avez passé un bon moment avec la personne, c'est toujours plaisant et vous en aurez certainement appris long sur d'autres choses.
3-Garder contact
Très important là aussi. Que la personne prenne ou non votre livre, si elle est intéressée, proposez-lui de garder contact. Par mail (pour les newsletters), réseaux sociaux, etc. Ne forcez jamais la personne.
Pour cela, un simple calepin suffit, sur lequel la personne note son email. Le seul hic à mon goût est lorsqu'on recopie les emails et qu'il faut décrypter certaines écritures. Vous pouvez les noter vous-même ou alors, prévoyez une tablette, cela facilite les recopies en base de données.
Les contacts, c'est ce pour quoi on fait des dédicaces et salons.
Statistiques de vente :
Vous pouvez également marquer brièvement à qui et quand vous avez vendu. Endroit, date et heure de vente, âge, sexe, livre, amateur du genre ou non.
Cela me permet d'avoir une idée plus claire sur mon lectorat, du moins, réduit à ceux qui se déplacent en librairie. Quant aux heures, je le faisais au début, comme ça pour voir. Il s'avère que je vends beaucoup entre 13h30 et 15h30, et qu'entre 15h30 et 17h30, c'est souvent un peu plus calme, puis on constate une nette reprise après 18h. Chacun en déduira ce qu'il voudra.
Je vous rassure, je ne lie jamais ces infos aux emails que je note, ce sont deux listes différentes. Je ne connais que trop bien les méandres et vices de la RGPD...
La signature :
Deux cas se présentent.
Vous parlez très peu avec la personne qui prend votre ouvrage parce qu'elle est pressée. Dans ce cas, prévoyez une liste de dédicaces « standards » à dérouler. Faites simple.
Vous avez le temps d'échanger. Essayez alors, lors de la conversation, de capter une particularité, un goût propre au lecteur. Par ex, il vous dit « Moi j'aime bien et beaucoup manger, et j'adore quand ça parle de bouffe dans les bouquins ». Qu'à cela ne tienne, vous pouvez lui dédicacer quelque chose du genre « À XXX, le bon vivant dévorant des dragons au petit-déjeuner ». Si vous vous sentez d'humeur, créez, imaginez, innovez !
Rentabilité :
Parlons pognon.
Je vais commencer par les GROS salons. Réellement, pour les gros salons à plusieurs centaines d'euros la table et souvent à l'autre bout de la France, n'imaginez pas être rentable financièrement, loin de là ! Faites un rapide calcul et vous comprendrez combien vous devrez vendre de livres pour être rentable, transport et hébergement compris. Au mieux, vous arriverez à rentrer dans vos frais, mais n'imaginez pas vous faire des bourses en or. Non, ce genre d'événement, il faut y aller pour la promotion, pour être présent, pour se faire connaître. C'est leur véritable rentabilité. Cela vous ouvre des portes. Il faut juste être présent et patient.
Pour les petits salons (à 20 euros la table) et les dédicaces en librairies : En moyenne, les libraires prennent 30% de marge. Si un libraire vous demande plus de 35%, ronchonnez et négociez. Pensez bien à vous mettre d'accord avant la dédicace. C'est en librairie qu'on peut espérer faire de bons bénéfices de vente, sans trop de charges. Faites en sorte de faire imprimer vos ouvrages à prix correct, et vous devriez être assez satisfait au bout de quelques ventes. Les seules charges en librairie/salons sont les éventuels coûts de transport.
État d'esprit
Le mental
Comme je le disais au début, ne vous attendez pas à être une super star. Préparez-vous à en baver, à ne pas vendre ou très peu, à passer de longues heures sans arriver à accrocher quelqu'un... Préparez-vous à déprimer, à en avoir les larmes aux yeux, à tout remettre en question, votre vie, votre existence, votre avenir... Préparez-vous à sombrer dans la déchéance, jusqu'à vendre votre âme au diable pour faire ne serait-ce qu'une toute petite vente... Vous en arriverez à vouloir en donner vos livres pour qu'on vous lise, une fois, rien qu'une fois... Sans déconner, vous verrez...
« Mais pourquoi suis-je rejeté(e) ? Qu'ai-je fait de mal ?»
Quand il n'y a personne dans la librairie, c'est dur, mais logique, et vous ne pouvez y faire grand-chose. C'est ainsi, il faut prendre son mal en patience. Ceci dit, on peut en profiter pour tailler la bavette avec le/la libraire, c'est toujours super sympa et aussi instructif.
Le plus écrasant c'est quand monde il y a, mais que vous ne vendez pas. Dans ce cas, au lieu de vous morfondre, analysez. Parfois, il se trouve que statistiquement, les gens présents ne sont pas enclins à lire votre genre (avec la fantaisie, c'est souvent le cas), où qu'il n'y a de clients que pour le rayon jeux vidéo. Parfois, dans certains endroits, les gens n'aiment pas les nouveautés (les libraires me le faisaient remarquer). On les sent réticents. C'est ainsi.
Essayez d'autres techniques d'approche, ça ne coûte rien d'essayer. Mais bien souvent, quand la journée n'est pas là, il faut l'accepter. Il y aura des jours meilleurs.
Dans tous les cas, souriez, allez de l'avant.
Pour ma part, dans mes pires moments, je me revoyais sur mon vélo, perdu dans mes collines, en pleine fringale, les jambes mortes, avec encore LE col à me taper avant de rentrer à la maison. Et là je me disais ... « RAAAAAGE ! »
Mais vous pouvez aussi aller casser la graine et boire un café.
Le positif :
Si désastreuse puisse paraître une journée, il y aura toujours, absolument toujours quelque chose de bon à en tirer, si infime soit-il. -une bonne leçon -des remises en question constructives -des essais, des tentatives -des idées auxquelles vous avez pensées. -des contacts directs -des contacts indirects, qui vous appellent plusieurs semaines après, parce qu'ils ont entendu parler de vous ou ont vu votre affiche. -le numéro de la jolie libraire (« Ouille ! Mais chérie je rigolais, tu sais bien »)
Pensez toujours dans ce sens : positif.
Si la journée a été bonne, tentez aussi de savoir pourquoi, et aussi ce qui pourrait être amélioré pour faire encore mieux.
Voilà, j'espère vous avoir un peu éclairé. À bientôt pour de nouvelles aventures !
« Tu as le droit de briller aussi fort que toutes ces étoiles, le droit de prendre la place qui te revient, et de sortir de ta nuit noire. »
Cette semaine, un vent de liberté souffle sur La Grande Librairie ! Cinq écrivains nous invitent, au gré de grands romans, à nous libérer de tous les carcans, de toutes les injonctions, de toutes les prisons. Rendez-vous sur France 5 avec Augustin Trapenard, ce 22 janvier, à 21h.
BONNES FEUILLES — L’œuvre de Brigitte Reimann, tout comme celle de Christa Wolf, est considérée comme un pilier de la littérature est-allemande. Publié en RDA en 1963, Une fratrie (traduit de l'allemand par Françoise Toraille) suscita des débats passionnés des deux côtés du mur, bien qu’il s’agît d’une version censurée par la Stasi. Brigitte Reimann décède en 1973, et le manuscrit original du roman demeure introuvable.
En 2010, Houellebecq avait puisé dans Wikipedia pour nourrir La Carte et le territoire sans prendre le soin de mentionner ses emprunts. Et le roman obtint malgré tout le Goncourt. Quatorze ans plus tard, une Académie renouvelée a consacré le roman Houris de Kamel Daoud et... bis repetita ?